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Le blog d' Isabelle BIGAND VIVIANI - Montgeron ma ville

Un quartier de Montgeron : Chalandray

, 07:32am

Chateau_de_Chalandray_5



Album photo : ICI

 

La Nimphe de Chalendré

 

Venez, venez, bergers des hameaux d’alentour,

Venez goûter icy les douceurs de l’Amour

Prenez part à nos chansonnettes

Mélez à vos concerts le son de vos musettes

Venez, venez bergers des hameaux d’alentour

Venez goûter icy les douceurs de l’Amour

 

 

Ces vers champêtres d’un auteur hélas non passé à la postérité,  remontent aux années 1640 et chantent « Chalendré ».

 

Si vous voulez bien me suivre, je vais vous amener en balade dans ce qui a été longtemps un lieu indépendant, pour devenir un faubourg de Montgeron, qui est aujourd’hui l’un des centres vitaux de notre ville.

 

Chalandray : quel espace ?

 

Délimitons le territoire de Chalandray (je vais lui conserver l’orthographe actuelle).

Nous sommes devant l’Hôtel de Ville. Descendons la rue du Maréchal Leclerc  vers la Gare: Chalandray se trouve sur le trottoir de droite (à gauche nous sommes déjà à Blaignerie).

Empruntons un petit peu l’avenue du Maréchal Foch (ex rue sulfureuse de la Débauche) pour tourner sur notre droite. Nous sommes rue de Concy. Chalandray est toujours à droite (à gauche c’est Concy).

Nous allons jusqu’à la limite de la ville de  Yerres pour remonter à notre droite la rue éponyme.

Sous le Pont de la Noisette, prenons le Sentier des Roches, puis la rue Maurice Gardette qui nous amène Place de la Libération. Nous continuons toujours tout droit  sur l’avenue Yves de Montcheuil et l’avenue de la Forêt. Nous arrivons avenue du Maréchal Lyautey que nous empruntons quelques mètres pour nous retrouver avenue de la République face au Marché Saint Hubert.

Continuons l’avenue de la République jusqu'à la Ferme de Chalandray. Ca y est nous venons de tracer le périmètre de Chalandray. Vous verrez que j’y inclus à l’intérieur de celui-ci le quartier Ferdinand Buisson qui a pris une autonomie… que récemment (environs 60 ans)!

Nous venons de parcourir presque une lieue ancienne (3248 mètres).

Le début d’une belle promenade ne trouvez-vous pas ?

 

D’où vient le nom de Chalandray ?

Comme souvent les interprétations  sont multiples et se contredisent. Je vais donc retenir celle de Jean-Charles Gatinot, qui lui-même se ralliait à la version de l’historien Ducange.

 

Chalendré  viendrait du celtique

- chal qui signifie « bois » et que nous retrouvons par exemple dans cale, chalet, échalas.

- An qui indique le lieu « de là « 

- Dré que l’on peut traduire par « piqué fixé »

 

Chalandré veut donc dire « bois fixé là » et semble démontré la présence importante de feuillus. D’ailleurs c’était l’un des lieux de prédilection des chasses royales, avec la Forêt de Sénart, en continuité.

 

Un peu d’histoire….

Chalandray a  intégré la commune, en devenant un hameau excentré, par rapport au village de Montgeron,  (qui se lovait autour de l’Ancienne Eglise) qu’à partir de la Révolution française.

Auparavant, sous l’ancien régime c’était un fief  au même titre que le riche Vigneux et la plus modeste Montgeron !

Son territoire était essentiellement agricole : peu de vigne mais d’abondante culture de céréales  ainsi que l’élevage des bêtes à cornes ou, de cochon, dans les deux grande fermes de l’endroit : la Ferme de Longueville (aujourd’hui dépôt des Ets Lescure-Mr Meuble) et la Ferme de Chalandray (aujourd’hui le CCAS de Montgeron).

 

Sur les coteaux descendant vers l’Yerres, étaient exploités des mûriers, qui nécessitaient une main d’œuvre abondante.

Les terres appartenaient tout à tour, à de riches propriétaires de la Paris,  dont quelques-uns figurent encore dans notre mémoire collective : Les Budé – Les  Brularts –
Les Fabus (j’ai bien  écrit Fabus !) – Les  Longueville –les Carré –

En 1730 Jacques Parat de Vareilles, receveur général des Finances du Royaume, fit l’acquisition par bail emphytéotique de Chalandray, et fit construire la maison bourgeoise que nous connaissons sous le nom de Château de Chalandray.

 

En 1789, le premier Maire de Montgeron, François Lemoine, eu la tâche de mettre fin aux fiefs, et de regrouper Blaignerie-Concy-Chalandray –Le Clos Galland- le Nouzet à Montgeron.(Les puristes vont probablement me reprendre mais là aussi je privilégie l’orthographe actuelle).   

 

Le Château de Chalandray,  en superficie n’a pas beaucoup changé de ce que nous connaissons, mais son parc était immense. Jugez en plutôt : il descendait jusqu’à ce qui est devenu le Quartier de la Gare et couvraient l’ensemble des « rues des écrivains » (Corneille-Pierre Loti-Victor Hugo-La Fontaine-Molière-Rachine-Chateaubriand etc…).

Après la Révolution, Charles de Bez devint propriétaire du domaine et des enclos, et fit l’élevage de vers à soie, dont la mode extrême orientale était en train de se répandre .

 

Ce riche bourgeois devint un édile, adjoint du Maire Bonfils, et passionné de fanfare…

En 1867 il accueille son ami le célèbre romancier « sans Famille » Hector Malot (1830-1907) à Chalandray,   qui se maria à Anne Dariès à la mairie de Montgeron.

 

Charles de Bez mourut en  1878 et, donna son nom à une voie nouvelle de Montgeron : la rue Bastier de Bez qui longue la voie ferrée. (La passerelle piétonne de Bellevue enjambe la voie ferrée reliant la rue Bastier de Bez au reste de la ville). Les terres qu'il donna à la commune, permirent de créer un lotissement ainsi que deux nouvelles voies : la rue Michelin (un des maires de Montgeron),et la rue du docteur Lacaze, célèbre médecin montgeronnais du xixème Siècle.

De propriétaire en propriétaire, le domaine de Chalandray fut offert (moyennant finances tout de même !) à un promoteur pour lotissement en 1926.

 

Quant au château lui-même il devint le Conservatoire  municipal sous le mandat d'Armand Cachat. L’ancien maire Alain Josse le baptisa du nom de son père Jean Josse. A partir de 1996 il prit un nom plus  approprié  pour sa vocation musicale et artistique : Pablo Casals (1876-1973).On y enseigne la Musique et la danse.

A ses côtés, rue de Chalandray, se trouve la caserne des Sapeurs-Pompiers du SDIS qui secourent Crosne – Montgeron et Yerres.

 

Le lotissement Chalandray

En 1926 Jean-Baptiste Herrgoot était le propriétaire du château et du Domaine .Son domaine se trouvait près de la gare et déjà le centre ville se déplaçait doucement vers le sud-est de Montgeron. Il décida cette année là -  probablement pour des raisons financières, même si il ne l’avoua jamais -, de parceller en grande partie le domaine, par surface maximale de 500m2.

 

Des voies nouvelles furent tracées, toutes portants des noms d’illustres écrivains français. Ainsi pris naissance le lotissement Chalandray (cf voir le plan).

Au tout début des années 1930, la majorité des demeures étaient dressées par l’Entrepreneur yerrois Zoppi .

Elles étaient  majoritairement en meulière avec son nom sur la  façade.

Il y avait  peu de circulation routière et les rues étaient non empierrés. Les enfants jouaient en toute quiétude avant d’aller à l’école à Victor Duruy ou à Saint Thérese (les écoles Ferdinand Buisson n’existaient pas encore)

 

L’immense majorité des résidents était des employés à la Gare de Lyon de la Compagnie PLM ou de la STCRP (futur RATP qui se trouvait alors quai des Grands Augustins).  Il fallait 37 minutes de train omnibus, faire le trajet jusqu'à la gare de Lyon.

Les mères de familles allait acheter leur lait, leur beurre, leur crème chez Bedez (ferme rue de Longueville) et chez Usse (Ferme de Chalandray) ou se rendait au marché qui se trouvait… place du Marché (aujourd’hui place Joseph Piette devant la gare). Quelques épiceries se mirent à ouvrir.

 

Il subsiste encore quelques façades de ces magasins : sur le Rond point à l’angle de la rue de Chalandray et de la rue Charles Deguy (à l’époque rue de la Villa), et à l’angle de la rue du Général Leclerc (à l’époque route de Crosne) et de la rue Chateaubriand  .Ces épiceries avait l’avantage de faire crédit et acceptaient d’être réglées le samedi, jour de paie du père.

Isl étaient hors de question d’avoir des jardins d’agrément comme maintenant : toutes les surfaces étaient potagères et fruitière et servaient à nourrir  la famille. Il y avait également quelques poules ou lapins.

 

Régulièrement des troupeaux de bovins descendaient – ou remontaient la Route de Crosne pour aller paître Plaine de Chalandray, là où se trouve maintenant le Centre équestre.

La route de Crosne était parsemée de bouses  malodorantes qui finalement comparée aux effluves pétrolifères de nos voitures ….

Quelques parcelles avaient juste un cabanon en bois en leur milieu. Ainsi, il était aisé de  reconnaître la « propriété » d’une famille parisienne qui venait passer « un dimanche à la campagne ».

 

Parfois, aux beaux jours, les parents emmenaient les enfants jusqu’au petit aérodrome de Crosne, qui se trouvait dans ce qui est devenu la zone industrielle de la Plaine Haute de notre voisine. La route des Vignes était en pente ; mais à l’arrivée le spectacle était assuré !

 

L’importance prise par l’aérodrome d’Orly entraina  la fermeture définitive de l’aérodrome de Crosne en 1935.

 

 En 1936, à l’issue de  la Guerre d’Espagne, de nombreux dignitaires espagnols républicains vinrent se réfugier pendant quelques mois au lotissement de Chalandray  sur l’invitation du Maire de Montgeron  Louis Saint-Pierre (issu du Front Populaire)  et de son premier adjoint le savant François Gagnepain.

 

Pendant la guerre de nombreuses personnes ont creusées des tranchés pour se protéger en cas de bombardements, car la gare de triage de VilleneuveSaint-Georges était une cible de choix tant pour les Allemands, que plus tard, pour les Alliés.

 

La Croix de Chalandray et la Ferme de Chalandray :

Au  carrefour formé aujourd’hui par l’avenue de la République (ex route de Melun ) et la rue du Maréchal Leclerc(ex route de Crosne) devant le bâtiment de l’actuel mairie,  se trouvait un calvaire indiquant la croisée des chemins.

Un forgeron du nom de Bouché avait ses ateliers à l’emplacement actuel de l’agence immobilière « l’Adresse-la Vénerie » et nombre de chevaux du coin venaient s’y faire chausser de neuf…

 

Sur la Place de Chalandray, se trouvait également un puits banal, servant à abreuver les animaux et les hommes, car bien évidemment l’eau courante n’existait pas dans les foyers.

L’eau était puisée dans les nombreuses sources qui se trouvait (et se trouve encore) .

 

Quelques dizaines de mètres plus loin se trouvait la ferme de Chalandray, aujourd’hui bâtiment municipal (CCAS après avoir été le siège des Services Culturels de la ville jusqu’en 2008).

A ce propos, savez vous que  le Centre culturel se nommait Georges Brassens ?

Le nom du poète sétois, était probablement trop subversif, car la municipalité Josse, sitôt élue en 1983, l’a débaptisée.

Quand retrouvera-t-elle cette appellation ?

 

Après avoir été la propriété du Maire Bonfils (mandat le plus long de l’histoire de Montgeron 1841-1878), la ferme  a appartenu sur plusieurs générations, à une famille venue du Cantal : Les Larroussinne-Usse. Les montgeronnais venaient chercher lait. Les vaches passaient à la belle saison sur les terrains de la Plaine de Chalandray .

Toujours sur le même trottoir, se trouve l’Hôtel de la Chasse, aujourd’hui saccagé en un improbable restaurant chinois, face au cinéma communautaire Cyrano.

La cours, en pavé d’époque,  a été il y a quelques années recouverte de goudron supprimant ainsi une partie du charme d’antan.

De nos jours,  ce n’est plus un hôtel mais un immeuble transformé à usage d’habitation. Pourtant, ici, il s’est passé  l’un des drames judiciaires français les plus célèbres : l’Affaire du courrier de Lyon le 26 avril 1796.

Un innocent Lesurques allait être condamné à mort et guillotiné.

Si vous le voulez bien, l’Affaire du Courrier de Lyon ayant eu aussi à  Montgeron ;  fera l’objet prochainement d’un article.

 

Les Résidences :

Depuis le début des années 1960, de nombreux ensembles immobiliers collectifs avec accession à la propriété ont vu le jour sur Chalandray. Voici les plus importants :

 

Le Parc des Cascades : cette copropriété a été crée en 1964, sur les terrains de la villa Flourens

-Le Hameau de Chalandray : cet ensemble de 5 petits bâtiments entre la rue d’Yerres et la rue du Hameau de Bellevue a été construit en 1968 sur l’emplacement de deux villas.

Le Magnolia : Cet immeuble remonte 1978.

Le Hameau de Bellevue date des années 1980

Le Manoir de Chalandray, face au Parc des Cascades rue Charles Deguy (ex rue de la Villa) est plus récent : 1990

La résidence Corot, composée de maisons de ville, a été bâtie en 1998 sur d’anciens vergers.

- La plus récente, la résidence Verlaine,  construite à la place d’un bâtiment industriel verrue esthétique du quartier a été érigée en 2005. Là aussi il s’agit de maison de ville.

Le Clos de la Navette est un bâtiment massif se trouvant à l’angle de la rue du Général Lelong et de l’Avenue de la République. Construit pour être un  hôtel, sa destination première a vite évolué, car ce commerce périclitait.

 

Sur le territoire de Chalandray il existe également la Résidence Vandeville (du nom d’un  maire adjoint 1977-1983) qui est composée de petits pavillons de plain-pied entourés d’un brin de pelouse,  réservés aux personnes âgés  pouvant se rendre directement à la Maison de l’Amitié où diverses manifestations leurs sont offertes.

Rue d’Yerres, à la limite de la ville éponyme, se trouve un grand foyer Adoma (ex sonacotra) réservé aux travailleurs d’origine étrangères et datant des années 1970).

 

Le Parc Lelong :

Poumon du quartier avec ses bancs pour se reposer loin de la fureur de la ville en regardant les enfants s’amuser. Le Parc Lelong, à la végétation admirable en toute saison, a fait l’objet de la rédaction d’un  article spécifique racontant l’histoire de ce haut lieu de la Résistance.  

 

Les Ecoles Ferdinand Buisson :

Dès les années ‘35, il paraissait évident que Victor Duruy ne pouvait recevoir  tous les enfants de Chalandray.

Rue Maurice Bouchor, il a été décidé de construire, dans un style très IIIème République, les écoles de « garçons » et de « filles ». Dans les années ’60 il a été décidé d’ajouter au fond de la cour, des bâtiments modernes certes fonctionnels, mais à l’esthétique moins élaboré.

Conjointement, rue Corot une école maternelle a été construite. Un Arbre de la Liberté y a été planté en 1989 : on peut le voir de l’extérieur rue Verlaine.

Le nom de Ferdinand Buisson a été donné à ces écoles, et également à une partie du quartier, en souvenir de cet inspecteur d’Académie, né en 1841 et mort en 1832. Il fut  l’un des pères de la loi sur la  séparation des Eglises et de l’Etat en 1905 – Défenseur d’Alfred Dreyfus et Fondateur de la Ligue des droits de l’Homme. Ferdinand Buisson fut Prix Nobel de la Paix 1927.

 

Eglise Saint Joseph :

Cette église en béton, œuvre de l’architecte Raoul Denis, est liée au développement de Montgeron. Elle  témoigne du déplacement du centre-ville de notre village, vers le sud-est, le long de l’avenue de la République là où jadis étaient les faubourg de notre cité.

Elle fut entièrement financée par la générosité des paroissiens de Montgeron, et fut consacrée le 1er mai 1959 par Monseigneur Renard, évêque de Versailles.

Saint -Joseph l’Artisan, commémore donc ses 50 ans cette année en 2009.

Cet édifice frappe par sa clarté. Son chœur autel est en granit de Bretagne.

Les vitraux sont l’œuvre du Maître-verrier Jean Barillet

 

Les Services Publics ou Municipaux :

Le quartier est riche de ses services :

 

-  A  l’intérieur du Parc, le restaurant d’enfant, la crèche Jean Paul Langumier (Maire de Montgeron de 1982 à 1983), et le centre maternelle Lelong, composent  le pôle enfance.

- La résidence Vandeville pour personnes âgées rejoint a Maison de l’amitié, avenue de la République

- Dans l’ancien bâtiment - où était  la Gendarmerie nationale, près de la pharmacie du Marché - se trouve le siège des Services Techniques , ainsi  que la salle des Fêtes

-  la Maison de l’emploi.

-  la Ferme de Chalandray ou siège le Centre Communal d’Action Social (CCAS) reçoit et aide le public. Elle possède également quelques salles d’expositions temporaires.

-   Au sein du Château de Chalandray, le conservatoire Pablo Casals est proche de la caserne de Pompiers.

   

Conclusion:

Non loin de la gare, du centre-ville dont il fait maintenant partie, le quartier de Chalandray est un lieu privilégié où il fait bon y vivre.

L’empreinte de l’histoire y est présente .Chaque pierre, chaque rue ramènent à un passé pas trop lointain.

L’habitat mixte (résidence-maison individuelle) est un atout non négligeable.

Bien sûr la population y est un peu plus aisée qu’ailleurs : composée en grande partie de cadres moyens ou supérieurs, nombres de bâtisses demeurent encore des propriétés familiales.

 

Continuons cette évocation en consultant l’album photo : ICI